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21 mars 2006 2 21 /03 /mars /2006 13:49
La livraison de ce jour des "Réflexion quotidiennes" des Alcooliques anonymes fait dire à Bill, un des deux fondateurs de la fraternité que les demandes matérielles doivent toujours passer "après" le progrès spirituel. Cette réflexion vient en appui d'une phrase nous indiquant que "nous n'aurons plus peur des autres ni de l'insécurité financière". Cela signifie que l'abstinence que ce soit d'alcool ou d'autre produit peut nous redonner une toute autre façon de voir la vie que celle que nous avions quand nous étions pris dans les mailles de la consommation. Une fois que le progrès spirituel est devenu une priorité, on appréhende le matériel (l'argent, principalement) non plus comme la source principale d'angoisse qui nous plombe au fond de la bouteille, mais simplement comme un moyen de vivre normalement, décemment, sur cette terre. Il ne s'agit pas d'avoir un regard méprisant sur ce qui fait le quotidien - et qui ferait que celui qui manque de tout serait en droit de me considérer comme un snobinard qui se la raconte - mais de faire en sorte de ne pas être obsédé par sa "soif" de posséder, d'en avoir toujours plus, quitte à gacher, et à être dans l'excédent quand justement plein de gens manquent de tout. La dépendance et la consommation excessive d'un produit traduisent, je pense, la peur de ne jamais en avoir assez, de ne pas être suffisamment reconnu. On ne se satisfait pas d'ÊTRE tout simplement. Donc, il faut AVOIR. Personnellement, j'ai bu parce que j'avais peur de ne jamais être à la hauteur, que tout le monde me faisait peur et parcer que je pensais qu'en livrant une image de fêtard, je faisais ce que l'on attendait de moi. Si l'on prend le porno, on voit bien que le sentiment de tout posséder, d'avoir les filles que l'on veut, quand on l'a décidé répond à cette angoisse d'être oublié dans ce grand bordel qu'est devenu le monde où la Rocco Attitude sert de plus en plus de modéle. La logique de la performance à tout prix nourrit toutes les angoisses des dépendants. Le spirituel raméne les choses à leur juste valeur. Il nous rappelle que ce qui compte, ce n'est pas la seule satisfaction de nos exigences egoïstes, mais notre capacité à faire oeuvre commune, à être en lien avec toute la création. Je ne suis pas l'unique élément de cette planète, mais je suis relié à une histoire, aux autres, à mon environnement. Il me faut voir "au-delà" de moi. C'est cela s'inscrire dans une dimension spirituelle. Pour moi, cela veut dire aussi essayer de vivre au plus profond de soi dans le projet de Dieu, lequel vise d'abord à donner corps à l'Amour entre les êtres. La réponse à la dépendance suppose donc d'accepter sa fragilité, pour prendre le chemin inverse de l'aspiration illusoire à la toute puissance que les différents produits auxquels nous avons succombé cherchent à alimenter.
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